Bigorexie : comprendre et combattre la dépendance à l’exercice physique

La bigorexie, également connue sous le nom de « dépendance à l’exercice physique » ou « dysmorphie musculaire », est un trouble méconnu mais de plus en plus répandu dans notre société où la quête du corps parfait devient omniprésente. Cette obsession compulsive pour la musculation et l'exercice physique peut avoir des conséquences physiques et psychologiques graves.

Découvrons ensemble les signes, les causes et les solutions pour mieux comprendre et lutter contre ce trouble.

Qu’est-ce que la bigorexie ?

La bigorexie est un trouble obsessionnel compulsif qui pousse une personne à faire de l'exercice de manière excessive, au détriment de sa santé et de sa vie sociale. Contrairement à l'anorexie où la personne se voit en surpoids, les bigorexiques se perçoivent toujours trop maigres ou pas assez musclés, peu importe leur apparence réelle.

Les signes et symptômes de la bigorexie

Pour identifier la bigorexie, voici quelques signes et symptômes caractéristiques :

• Obsession du corps musclé : préoccupation excessive à propos de la taille et de la définition musculaire ;
• Exercice physique excessif : entraînement compulsif, souvent plusieurs heures par jour, en dépit des blessures ou de la fatigue ;
• Régime alimentaire strict : suivre un régime hyperprotéiné ou d’autres régimes spécifiques pour augmenter la masse musculaire ;
• Négliger les activités sociales : réduction ou abandon des activités sociales et professionnelles pour se concentrer sur l’entraînement ;
• Usage de suppléments ou de stéroïdes : consommation excessive de compléments alimentaires ou recours aux stéroïdes anabolisants pour booster la croissance musculaire ;
• Anxiété et irritabilité : anxiété, irritabilité ou même dépression si une séance d’entraînement est manquée.

Environ 10 % des hommes qui fréquentent régulièrement les salles de sport pourraient souffrir de bigorexie. Les femmes sont également touchées, bien que moins fréquemment, car elles cherchent souvent à atteindre un idéal esthétique différent.

L'âge moyen des personnes atteintes se situe entre 18 et 35 ans.

Causes et facteurs de risque

La bigorexie résulte d’une combinaison de facteurs psychologiques, sociaux et biologiques.

Facteurs psychologiques

• Perception corporelle altérée : mauvaise estime de soi et distorsion de l’image corporelle ;
• Trouble obsessionnel compulsif (TOC) : lien étroit entre la bigorexie et le TOC, en raison du caractère obsessionnel de la pratique.

Facteurs sociaux

• Pression sociétale : la promotion constante d’un idéal corporel par les médias et les réseaux sociaux peut alimenter la quête de perfection physique ;
• Compétition : les environnements compétitifs, tels que les salles de sport ou les milieux professionnels exigeants, exacerbent souvent l’obsession pour l'apparence physique.

Facteurs biologiques

• Génétique : des antécédents familiaux de troubles mentaux ou obsessionnels peuvent prédisposer une personne à la bigorexie ;
• Hormones : déséquilibre hormonal lié au cortisol ou à la testostérone.

Conséquences sur la santé

La bigorexie peut avoir des conséquences sérieuses sur la santé physique et mentale.

Conséquences Physiques

• Blessures musculaires et articulaires : l'entraînement excessif peut causer des blessures sévères aux muscles, aux tendons et aux articulations ;
• Fatigue chronique : l’absence de récupération suffisante peut entraîner une fatigue chronique ;
• Troubles cardiaques : le stress physique excessif peut affecter le cœur, en particulier chez ceux qui prennent des substances dopantes ;
• Troubles hormonaux : les stéroïdes anabolisants peuvent perturber l’équilibre hormonal naturel.

Conséquences Psychologiques

• Dépression et anxiété : le perfectionnisme exacerbé et l’incapacité à atteindre l’image corporelle idéale peuvent conduire à des troubles anxieux ou dépressifs ;
• Isolement social : le désintérêt pour d’autres activités ou relations sociales peut mener à l’isolement.

Diagnostic et Traitement

Le diagnostic de la bigorexie repose sur une évaluation clinique réalisée par un professionnel de la santé mentale. Les critères incluent :

• Distorsion de l’image corporelle : inquiétude excessive à propos du développement musculaire ;
• Comportement obsessionnel : exercice physique compulsif et régime alimentaire strict ;
• Détérioration de la vie Sociale et professionnelle : sacrifice des relations sociales ou professionnelles au profit de l’entraînement.

Le traitement de la bigorexie implique généralement une approche multidisciplinaire.

• Psychothérapie : la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est souvent recommandée pour aider à modifier les pensées et comportements obsessionnels ;
• Thérapie médicamenteuse : des antidépresseurs ou des anxiolytiques peuvent être prescrits pour traiter les symptômes associés, tels que l’anxiété ou la dépression ;
• Suivi nutritionnel : un diététicien peut aider à rétablir des habitudes alimentaires saines ;
• Soutien social : le soutien de la famille, des amis ou des groupes de soutien est crucial pour encourager un rétablissement durable ;

Conseils pour prévenir et lutter contre la bigorexie

Pour les personnes concernées

Il est important d'apprendre à s’accepter, à se concentrer sur ses qualités autres que physiques et apprendre à apprécier son corps tel qu'il est. Limiter le temps passé sur les réseaux sociaux, cela permet de réduire l’exposition aux images idéalistes du corps parfait sur les réseaux sociaux.

Enfin, varier les loisirs, afin de trouver des activités enrichissantes en dehors de la salle de sport.

Pour les professionnels du sport et les familles

Promouvoir une image corporelle saine, pour encourager une vision équilibrée du corps et de l'exercice physique. Il faut éviter les compliments excessifs sur l’apparence et se concentrer davantage sur les compétences et les valeurs que sur l’apparence physique. Enfin être attentif aux signes avant-coureurs et repérer les signes de la bigorexie chez les sportifs pour les orienter vers un professionnel si nécessaire.

La bigorexie est un trouble sérieux qui mérite d’être mieux compris et reconnu. En sensibilisant le grand public aux dangers de cette obsession pour le corps parfait, nous pouvons contribuer à prévenir cette dépendance et offrir aux personnes touchées l’aide dont elles ont besoin.

Si vous ou un proche présentez des signes de bigorexie, n'hésitez pas à consulter un professionnel de la santé mentale. Chaque pas vers l’acceptation de soi et la diversité corporelle est un pas vers une vie plus équilibrée et épanouissante.