Cancer du rectum : les signes qui alertent et comment les reconnaître

Le cancer du rectum, une forme de cancer colorectal, est une maladie grave qui se développe dans la partie terminale du gros intestin, juste avant l'anus. Comme pour beaucoup de cancers, une détection précoce est cruciale pour améliorer les chances de traitement et de guérison. Malheureusement, les premiers signes du cancer du rectum peuvent être subtils ou confondus avec d'autres conditions moins graves, ce qui peut retarder le diagnostic. Cet article explore en détail les signes d’alerte du cancer du rectum, les facteurs de risque, les méthodes de dépistage et les options de traitement.

1. Comprendre le cancer du rectum

Qu'est-ce que le cancer du rectum ?

Le cancer du rectum est une forme de cancer colorectal qui se développe dans les cellules du rectum, la dernière partie du côlon avant l'anus. Ce cancer commence généralement sous forme de polypes bénins qui, avec le temps, peuvent évoluer en tumeurs malignes. Comme pour d'autres cancers, la croissance du cancer du rectum peut être localisée ou s'étendre à d'autres parties du corps (métastases).

Différence entre cancer du rectum et cancer du côlon

Le cancer du côlon et le cancer du rectum sont souvent regroupés sous le terme général de cancer colorectal. Cependant, ils se développent dans des parties différentes du gros intestin, et leur traitement peut différer en raison de la localisation. Le rectum, étant plus proche de l'anus, présente des défis particuliers en matière de chirurgie et de radiothérapie.

2. Les signes d'alerte du cancer du rectum

1. Saignements rectaux

Le saignement rectal est l'un des signes les plus courants du cancer du rectum. Il peut se manifester sous forme de sang rouge vif ou foncé mélangé aux selles. Ce saignement est souvent confondu avec des hémorroïdes, mais il est important de ne pas l'ignorer, surtout s'il est récurrent. La présence de sang dans les selles doit toujours être évaluée par un professionnel de santé.

2. Changements dans les habitudes intestinales

Les changements dans les habitudes intestinales sont un autre signe d'alerte important. Ces changements peuvent inclure :

• Diarrhée ou constipation persistante : Si vous observez une diarrhée ou une constipation inhabituelle qui dure plus de quelques jours, cela pourrait être un signe d'une obstruction partielle du rectum due à une tumeur.
• Selles étroites ou en ruban : Les tumeurs rectales peuvent rétrécir la lumière du rectum, entraînant des selles plus étroites ou en forme de ruban.
• Sensation de vidange incomplète : Une sensation persistante de ne pas avoir complètement évacué vos intestins après être allé aux toilettes peut être un signe de cancer du rectum.

3. Douleurs abdominales et crampes

Les douleurs abdominales et les crampes sont des symptômes courants du cancer du rectum, surtout si elles sont accompagnées d'autres symptômes tels que des changements dans les habitudes intestinales. Ces douleurs peuvent être causées par l'obstruction intestinale ou l'inflammation autour de la tumeur.

4. Perte de poids inexpliquée

Une perte de poids soudaine et inexpliquée peut être un signe de cancer, y compris du cancer du rectum. Lorsque le corps est en lutte contre le cancer, il utilise plus d'énergie, ce qui peut entraîner une perte de poids involontaire. De plus, une tumeur du rectum peut interférer avec l'absorption des nutriments, contribuant également à la perte de poids.

5. Fatigue persistante

La fatigue persistante, même après un repos suffisant, peut être un signe de cancer. Cette fatigue peut être due à une anémie causée par une perte de sang lente mais continue dans le rectum, ou simplement au fait que le corps dépense beaucoup d'énergie pour combattre la maladie.

6. Anémie

L'anémie, qui est une diminution du nombre de globules rouges ou de l'hémoglobine dans le sang, peut être un signe de cancer du rectum, surtout si elle est causée par une perte de sang chronique. Les symptômes de l'anémie comprennent la fatigue, la faiblesse, et l'essoufflement.

7. Douleurs ou inconfort dans la région rectale

Les douleurs, une sensation de pression ou d’inconfort dans la région rectale sont des symptômes moins courants mais significatifs du cancer du rectum, surtout s'ils persistent et ne sont pas soulagés par des traitements contre les hémorroïdes ou d'autres conditions rectales bénignes.

3. Les facteurs de risque du cancer du rectum

1. Âge

L'âge est l'un des principaux facteurs de risque du cancer du rectum. Le risque augmente de manière significative après l'âge de 50 ans. Cependant, on observe une augmentation des cas chez les jeunes adultes, ce qui rend le dépistage important, même chez les populations plus jeunes.

2. Antécédents familiaux et génétiques

Avoir des antécédents familiaux de cancer colorectal ou de polypes colorectaux augmente le risque de développer un cancer du rectum. Certaines conditions héréditaires, comme la polypose adénomateuse familiale (PAF) et le syndrome de Lynch, sont également associées à un risque accru.

3. Régime alimentaire

Un régime alimentaire riche en viandes rouges et en viandes transformées (comme les charcuteries) et pauvre en fruits, légumes, et fibres peut augmenter le risque de cancer du rectum. Les graisses animales, ainsi que les aliments riches en sucres et en amidons raffinés, sont également impliqués dans le développement de ce type de cancer.

4. Mode de vie sédentaire

Un mode de vie sédentaire est associé à un risque accru de cancer du rectum. L'activité physique régulière aide à réguler le poids, à améliorer la digestion, et à réduire l'inflammation, ce qui peut protéger contre le cancer.

5. Consommation d'alcool et tabagisme

La consommation excessive d'alcool et le tabagisme sont des facteurs de risque importants pour le cancer colorectal, y compris le cancer du rectum. Le tabac contient des cancérigènes qui peuvent affecter l'ensemble du système digestif, et l'alcool peut irriter la muqueuse du rectum.

6. Maladies inflammatoires de l'intestin

Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, comme la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn, augmentent le risque de cancer du rectum. Ces conditions provoquent une inflammation chronique du côlon et du rectum, ce qui peut entraîner des mutations cellulaires et le développement d'un cancer.

7. Obésité

L'obésité est un facteur de risque pour de nombreux types de cancers, y compris le cancer du rectum. L'excès de poids, en particulier autour de l'abdomen, est associé à une augmentation de l'inflammation et des niveaux d'insuline, qui peuvent favoriser la croissance tumorale.

4. Diagnostic du cancer du rectum

Consultation médicale et examen physique

Si vous présentez un ou plusieurs des signes d'alerte mentionnés ci-dessus, il est crucial de consulter un médecin. Lors de la consultation, le médecin effectuera un examen physique, y compris un toucher rectal, pour détecter toute anomalie dans le rectum.

Test de dépistage

Les tests de dépistage sont essentiels pour détecter le cancer du rectum à un stade précoce, avant l'apparition des symptômes. Parmi les tests de dépistage courants, on trouve :

• Test de sang occulte dans les selles (TROD) : Ce test recherche la présence de sang non visible à l'œil nu dans les selles, ce qui peut être un signe de polypes ou de cancer.
• Sigmoïdoscopie : Cet examen permet d'inspecter la partie inférieure du côlon et le rectum à l'aide d'un tube flexible équipé d'une caméra.
• Coloscopie : La coloscopie est un examen plus complet qui permet d'examiner l'ensemble du côlon et du rectum. Si des polypes ou des tumeurs sont détectés, ils peuvent être biopsiés ou retirés pendant la procédure.

Imagerie médicale

En plus des tests de dépistage, des examens d'imagerie peuvent être utilisés pour diagnostiquer le cancer du rectum et évaluer son extension. Parmi les examens d'imagerie, on trouve :

• Scanner (tomodensitométrie) : Un scanner permet de visualiser le rectum et les structures environnantes pour détecter les tumeurs et les métastases.
• IRM : L'IRM est souvent utilisée pour obtenir des images détaillées du rectum et des tissus environnants, notamment pour évaluer l'invasion tumorale et planifier la chirurgie.

Biopsie

Si une tumeur est détectée lors de la coloscopie ou d'un autre examen, une biopsie sera réalisée pour confirmer le diagnostic de cancer. La biopsie consiste à prélever un petit échantillon de tissu tumoral pour l'analyser au microscope.

5. Traitement du cancer du rectum

Chirurgie

La chirurgie est le traitement principal du cancer du rectum, en particulier lorsqu'il est diagnostiqué à un stade précoce. Les types de chirurgie comprennent :

• Résection antérieure basse (RAL) : Cette procédure est utilisée pour retirer la tumeur et une partie du rectum, tout en préservant l'anus pour permettre une fonction intestinale normale.
• Résection abdomino-périnéale (RAP) : Cette chirurgie est utilisée pour les tumeurs situées près de l'anus. Elle implique l'ablation du rectum et de l'anus, nécessitant une colostomie permanente.
• Exérèse locale : Pour les tumeurs de petite taille et bien localisées, une exérèse locale peut être réalisée pour retirer la tumeur sans affecter le reste du rectum.

Radiothérapie

La radiothérapie est souvent utilisée avant ou après la chirurgie pour réduire la taille de la tumeur ou détruire les cellules cancéreuses restantes. Elle peut également être utilisée pour traiter des tumeurs inopérables ou pour soulager les symptômes chez les patients atteints d'un cancer avancé.

Chimiothérapie

La chimiothérapie peut être administrée en complément de la chirurgie et de la radiothérapie pour réduire le risque de récidive ou pour traiter un cancer du rectum avancé. Elle consiste à utiliser des médicaments anticancéreux pour détruire les cellules cancéreuses dans l'ensemble du corps.

Immunothérapie et thérapies ciblées

L'immunothérapie et les thérapies ciblées sont des traitements plus récents qui visent à renforcer le système immunitaire pour combattre le cancer ou à cibler spécifiquement les cellules cancéreuses. Ces traitements sont généralement utilisés pour les cancers avancés ou réfractaires aux traitements traditionnels.

6. Pronostic et suivi après le traitement

Pronostic

Le pronostic du cancer du rectum dépend de plusieurs facteurs, notamment le stade du cancer au moment du diagnostic, la taille et la localisation de la tumeur, et la réponse au traitement. Lorsque le cancer est détecté tôt, les taux de survie sont nettement plus élevés. Le taux de survie à cinq ans pour le cancer du rectum localisé est d'environ 90 %, mais il diminue lorsque le cancer s'est propagé aux ganglions lymphatiques ou à d'autres organes.

Suivi médical

Après le traitement du cancer du rectum, un suivi régulier est essentiel pour détecter toute récidive ou complication. Le suivi peut inclure des examens physiques, des tests de sang, des coloscopies, et des examens d'imagerie. Le calendrier des examens de suivi sera déterminé par votre médecin en fonction de votre situation spécifique.

Le cancer du rectum est une maladie sérieuse qui nécessite une attention médicale immédiate lorsqu'un ou plusieurs signes d'alerte apparaissent. Les symptômes tels que les saignements rectaux, les changements dans les habitudes intestinales, les douleurs abdominales, la perte de poids inexpliquée, et la fatigue persistante ne doivent jamais être ignorés.

La détection précoce est la clé pour améliorer les chances de succès du traitement et pour prévenir la propagation du cancer. C'est pourquoi il est crucial de consulter un médecin dès que vous remarquez des symptômes inhabituels ou persistants. En comprenant les facteurs de risque et en participant régulièrement aux tests de dépistage recommandés, vous pouvez prendre des mesures proactives pour protéger votre santé et réduire le risque de développer un cancer du rectum.

N'oubliez pas que le dépistage, l'écoute de son corps, et une bonne communication avec les professionnels de santé sont essentiels pour prévenir et traiter efficacement le cancer du rectum. Si vous avez des inquiétudes concernant votre santé digestive ou des antécédents familiaux de cancer colorectal, n'hésitez pas à en parler à votre médecin pour discuter des options de dépistage et de prévention.