Cette maladie silencieuse touche 10 millions de Français (et progresse à grande vitesse dans le monde)

Elle s’installe lentement, souvent sans prévenir, et finit par bouleverser les gestes les plus simples du quotidien. Douleurs, raideurs, perte de mobilité... L’arthrose n’est plus une simple maladie liée à l’âge : c’est aujourd’hui un enjeu mondial de santé publique. En France, plus de 10 millions de personnes en souffrent, et ce chiffre ne cesse de grimper. Pourquoi cette épidémie silencieuse gagne-t-elle autant de terrain ? Et comment peut-on agir pour ralentir sa progression ?

Une maladie plus fréquente qu’on ne le croit

L’arthrose est la maladie articulaire la plus répandue en France. Elle correspond à une usure progressive du cartilage qui recouvre les extrémités des os au niveau des articulations. Cette dégradation entraîne des frottements douloureux, une inflammation chronique et une perte de mobilité.

Selon les estimations récentes, entre 600 et 700 millions de personnes dans le monde présentent une arthrose symptomatique, soit une hausse de plus de 130 % en trente ans. En France, une personne sur six est concernée. Le rhumatologue Emmanuel Maheu, spécialiste de cette pathologie, parle même d’une “épidémie mondiale silencieuse”, exacerbée par la sédentarité et le surpoids.

Arthrose : pourquoi les chiffres explosent

Plusieurs facteurs expliquent cette progression fulgurante :

1. Le vieillissement de la population

Plus l’espérance de vie augmente, plus les articulations sont sollicitées sur le long terme. Après 50 ans, la probabilité de développer une arthrose augmente de manière significative.

2. Le surpoids et l’obésité

L’excès de poids exerce une pression mécanique constante sur les genoux, les hanches et la colonne vertébrale, mais il agit aussi par un mécanisme inflammatoire général. Les tissus adipeux produisent des substances pro-inflammatoires qui accélèrent la dégradation du cartilage.

3. La sédentarité et le manque de mouvement

Contrairement aux idées reçues, le repos absolu n’est pas bénéfique pour les articulations. L’absence de mouvement réduit la lubrification naturelle des articulations et fragilise les muscles qui les soutiennent.

4. Les troubles hormonaux et le sexe féminin

Les femmes, notamment après la ménopause, sont plus touchées. L’arthrose des mains, ou arthrose digitale, concerne près de 9 femmes sur 10 parmi les cas recensés. La chute hormonale influe sur la qualité du cartilage et des ligaments.

Les zones les plus touchées : genoux, hanches, mains

Si les genoux et les hanches restent les zones les plus connues, les mains sont désormais au cœur des préoccupations. Selon les études françaises, cette localisation affecte gravement le quotidien :

• 54 % des patients atteints d’arthrose digitale déclarent des difficultés à écrire,

• 10 % peinent à ouvrir un bocal, boutonner une chemise ou manipuler leurs médicaments.

Ces gestes anodins deviennent de véritables obstacles. “C’est une maladie qui peut altérer profondément la qualité de vie”, souligne le Dr Maheu.

Comment reconnaître les premiers signes

L’arthrose évolue souvent par poussées. Voici les symptômes les plus fréquents :

• Douleurs articulaires lors des mouvements, puis parfois même au repos,

• Raideur matinale qui s’améliore au cours de la journée,

• Gonflement ou déformation progressive de l’articulation,

• Sensation de craquement ou de blocage.

Un diagnostic précoce est essentiel : plus la prise en charge débute tôt, plus on peut ralentir l’évolution.

Les traitements : soulager, stabiliser, prévenir

Il n’existe pas encore de traitement capable de régénérer le cartilage, mais plusieurs approches permettent de vivre mieux avec la maladie.

1. Bouger, mais intelligemment

La première recommandation de l’Inserm est claire : ne pas s’arrêter de bouger. L’activité physique adaptée (marche, natation, vélo doux, Pilates) entretient la mobilité et limite les raideurs.

2. Perdre un peu de poids si nécessaire

Une perte de 5 % du poids corporel suffit à réduire de 30 % la douleur chez certains patients atteints d’arthrose du genou.

3. Soigner l’alimentation

Une alimentation anti-inflammatoire, riche en oméga‑3, antioxydants et fibres, peut freiner la progression. On mise sur le poisson gras, les fruits rouges, les légumes verts, les huiles de colza et de noix.

4. Privilégier les approches naturelles et la kinésithérapie

Massages, mobilisations douces, hydrothérapie, ostéopathie, ou encore thermalisme permettent d’améliorer la souplesse et la circulation articulaire.

5. Soulager la douleur sans excès de médicaments

Les antalgiques et anti‑inflammatoires restent utiles ponctuellement, mais ne traitent pas la cause. Les infiltrations ou prothèses ne sont envisagées qu’en dernier recours.