Hurler pour se libérer : les scream clubs, la nouvelle thérapie (bruyante) du bien-être mental
Par Catherine Duchamps
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Et si crier devenait un geste de bien-être, au même titre que méditer ou marcher en forêt ? Dans plusieurs villes du monde, une nouvelle pratique fait du bruit — littéralement. Les scream clubs, ou clubs de hurlement, attirent de plus en plus de jeunes en quête d’un exutoire collectif, où exprimer librement leur stress, leur frustration ou leur ras-le-bol. Une forme de défoulement qui séduit… mais soulage-t-elle vraiment ?
Des lieux pour relâcher la pression, tous ensemble
Imaginez : un groupe de jeunes adultes, debout dans une salle insonorisée, poussant des cris à pleins poumons. Non, ce n’est pas une scène de théâtre contemporain, mais une séance de scream club. Le principe est simple : hurler ensemble pour extérioriser les tensions.
De Londres à New York, de Stockholm à Paris, ces espaces hybrides entre salle de sport, groupe de parole et exutoire émotionnel se multiplient. Pour certains, c’est l’alternative moderne à la thérapie classique, dans une époque où les soins en santé mentale restent inaccessibles ou mal adaptés.
« Je ne peux pas crier chez moi, mes parents s’inquiéteraient », confie Maliha, 21 ans. « Ici, tout le monde comprend ce que je ressens. »
Crier, une vraie décharge émotionnelle ?
Crier n’est pas qu’un caprice de star ou un geste de colère incontrôlée. Selon les psychologues, le cri peut activer le système parasympathique, responsable de la détente et du relâchement.
Il s’agit d’un réflexe archaïque, presque animal, qui permet de libérer la charge émotionnelle accumulée : frustrations, peurs, colères rentrées. Ce n’est d’ailleurs pas une invention récente : dans les années 60, le psychologue Arthur Janov avait déjà théorisé la « thérapie primale », fondée sur l’expression vocale des blessures enfouies. Même John Lennon et Yoko Ono y avaient trouvé un outil de guérison personnelle.
Une tendance plus large : crier, frapper, tout casser ?
Les scream clubs ne sont qu’un exemple d’une tendance de fond : celle des rituels de défoulement collectif. Fury Rooms, Rage Rooms, cérémonies de cris… toutes ces pratiques visent à canaliser une colère devenue collective, dans une société marquée par le stress chronique.
Certaines études montrent que crier ou jurer dans des situations inconfortables (comme plonger la main dans l’eau glacée) permet d’augmenter la tolérance à la douleur, physique ou mentale. Preuve que l’expression verbale ou sonore de l’émotion a un effet régulateur bien réel.
Un exutoire, mais pas une solution miracle
Attention cependant à ne pas idéaliser cette méthode. Pour les psychologues, hurler peut être bénéfique… à court terme. Cela ne remplace en rien un accompagnement thérapeutique, surtout en cas de souffrance prolongée, d’anxiété profonde ou de troubles émotionnels enracinés.
« C’est une soupape, pas un soin », souligne Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. « Si l’émotion revient toujours, ou que la séance laisse un vide, cela montre que le besoin est plus profond. »
De plus, certaines dérives apparaissent déjà : des séances facturées jusqu’à 4 000 € fleurissent, surfant sur la mode du “soin par le cri” sans encadrement professionnel réel. Une commercialisation du mal-être à éviter.
Le mot de la diététicienne (et pas que !)
Chez CROQ, nous croyons que l’expression de l’émotion est essentielle à l’équilibre du corps et de l’esprit. Si crier permet de sortir une colère enfouie, de se reconnecter à ses sensations et de relâcher la pression… pourquoi pas ! Tant que cela s’inscrit dans une démarche bienveillante, ponctuelle, et sans se substituer à une vraie écoute intérieure ou professionnelle.
Le vrai soin commence souvent par la parole, l’accueil de ses émotions, et la construction de nouveaux repères. Et parfois, avant de parler, il faut hurler.
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