Les maladies que votre psoriasis peut cacher

Psoriasis : quand la peau n’est que la partie visible de l’iceberg Le psoriasis est traditionnellement perçu comme une maladie de la peau : plaques rouges, squames, démangeaisons… Pourtant, de plus en plus d’études montrent qu’il s’agit aussi d’une maladie inflammatoire systémique, qui peut toucher bien d’autres organes et entraîner des complications parfois graves si elles ne sont pas repérées à temps. Prendre soin de son psoriasis, c’est aussi surveiller ce qui se passe « sous la peau ».

Pourquoi le psoriasis ouvre la porte à d’autres maladies

Le mécanisme est à la fois simple et complexe : le psoriasis provoque une inflammation chronique, un dérèglement du système immunitaire et des mécanismes de stress oxydatif. Cette inflammation persistante ne reste pas confinée à la peau ; elle peut affecter les vaisseaux sanguins, les articulations, le métabolisme, et même le psychisme. Les chercheurs parlent ainsi de « comorbidités » : des maladies associées au psoriasis de façon significative. 
Comprendre ces liens permet de surveiller et, parfois, de prévenir des complications.

1. L’arthrite psoriasique : quand le psoriasis attaque les articulations

Le risque le plus souvent évoqué est celui de la Arthrite psoriasique. Jusqu’à 30 % des personnes ayant un psoriasis cutané développeront à un moment donné une atteinte articulaire. 
Signes d’alerte : raideur au réveil, gonflement des doigts ou des orteils, douleurs dans le bas du dos ou au niveau des talons, modification des ongles (petits trous, décollement).
Agir tôt est essentiel : plus le diagnostic est tardif, plus le risque de destruction articulaire ou de mobilité réduite augmente.

2. Maladies cardiovasculaires : un cœur fragilisé par l’inflammation

Le psoriasis s’accompagne d’une sur‑activité inflammatoire qui joue également sur les vaisseaux et contribue à l’athérosclérose. Résultat : un risque accru de maladie cardiovasculaire (infarctus, AVC, hypertension) chez les personnes concernées.
Ce qu’il faut surveiller : pression artérielle, taux de cholestérol et de triglycérides, tabagisme, poids abdominal. Une approche globale permet de réduire ce sur‑risque.

3. Syndrome métabolique, diabète et excès de poids

Le lien entre psoriasis et métabolisme est important. Le syndrome métabolique (regroupant obésité, hypertension, glycémie élevée, mauvais profil lipidique) est beaucoup plus fréquent chez les personnes psoriasiques. 
Conseil pratique : adopter un régime riche en légumes, fibres, bons gras (oméga‑3), limiter le sucre ajouté, pratiquer une activité physique régulière. Ce sont des leviers puissants pour limiter l’impact du psoriasis sur le métabolisme.

4. Maladies digestives inflammatoires et foie : l’invisible

Le psoriasis est aussi associé à des atteintes digestives : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (comme la Maladie de Crohn ou la colite), ainsi qu’à des dysfonctionnements hépatiques (stéatose non alcoolique). 
À surveiller : douleurs abdominales persistantes, selles anormales, fatigue chronique, prise de poids inexpliquée. Une approche pluridisciplinaire est souvent utile.

5. Troubles psychologiques : quand la peau impacte la tête

Les conséquences psychologiques du psoriasis ne sont pas à négliger : anxiété, dépression, isolement social, trouble de l’image de soi. Le lien entre inflammation et humeur est désormais bien documenté. 
Comment agir ? : ne pas attendre que cela « aille mieux » tout seul. Parler à un professionnel, rejoindre un groupe de soutien, envisager la psychothérapie ou des approches complémentaires (méditation, pleine conscience) font partie de l’accompagnement global.

6. Autres comorbidités à connaître

On note également :

• Un risque accru de cancers cutanés et non cutanés, en particulier en cas de traitements immunosuppresseurs ou exposition solaire non protégée. 

• Des troubles du sommeil (apnée, jambes sans repos) qui aggravent la fatigue générale et peuvent entretenir l’inflammation. 

• Une fragilité osseuse accrue (ostéoporose) chez certaines personnes, particulièrement si corticoïdes ou sédentarité s’ajoutent.

Pourquoi prendre au sérieux ces risques ?

Ignorer que votre psoriasis peut « cacher » d’autres maladies, c’est risquer un diagnostic tardif, des complications plus graves, une qualité de vie réduite. Se poser ces questions :

• Ai‑je des douleurs articulaires non expliquées ?

• Ma tension, mon poids, ma glycémie sont‑ils sous contrôle ?

• Mon moral et mon sommeil sont‑ils corrects ?
  Sont autant de réflexes utiles.

Que faire concrètement ?

1. Parlez‑en à votre dermatologue et médecin généraliste

Un suivi dermatologique régulier ne suffit pas : il faut impliquer le médecin généraliste, un rhumatologue, un cardiologue ou endocrinologue si besoin.

2. Adoptez une hygiène de vie « anti‑inflammatoire »

• Équilibre alimentaire (fruits, légumes, poisson gras, légumineuses)

• Activité physique régulière

• Limiter tabac, alcool, excès de poids

3. Faites des bilans régulièrement

Tension, glycémie, lipides, fonction hépatique, biométrie… surveiller est agir tôt.

4. Prenez soin de votre peau mais aussi de vous

Traitements, hydratation, protection solaire… et aussi écoute de votre mental, de votre sommeil, de votre entourage.

Le mot de la fin

Votre psoriasis ne se limite pas à des plaques rouges : c’est un signal que votre organisme est en état d’alerte. Le bon réflexe : écouter ce signal, ne pas se contenter de masquer la peau, mais agir globalement pour mieux vivre avec cette maladie — et pour prévenir autant que possible ses conséquences invisibles.
Prendre soin de sa peau, c’est aussi prendre soin de tout son corps : voilà la vision que je vous invite à adopter.