Tout savoir sur l'alexithymie

Certaines personnes ont du mal à dire ce qu’elles ressentent. Elles savent qu’elles vont mal, mais ne parviennent pas à mettre de mots sur leurs émotions. D’autres, au contraire, semblent « déconnectées » de leurs ressentis, comme si les émotions passaient à côté d’elles. Ce phénomène porte un nom : l’alexithymie. Souvent méconnue, cette particularité émotionnelle peut influencer les relations, la santé mentale et le bien-être au quotidien.

Qu’est-ce que l’alexithymie ?

Le mot « alexithymie » vient du grec a (absence), lexis (mot) et thymos (émotion).
Il désigne la difficulté à identifier, comprendre et exprimer ses émotions.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’alexithymie n’est pas un manque d’émotions, mais une difficulté à les reconnaître et à les verbaliser.

Les personnes concernées ne sont pas « froides » ou « insensibles » : elles ressentent, mais leur cerveau peine à traduire ces ressentis en mots clairs.

Les principaux signes de l’alexithymie

1. Difficulté à identifier ses émotions

Une personne alexithymique a souvent du mal à répondre à la question : « Comment te sens-tu ? ».
Elle confond parfois ses émotions avec des sensations physiques : un nœud à l’estomac, une boule dans la gorge, une tension dans le corps… sans savoir s’il s’agit de tristesse, de peur ou de colère.

2. Difficulté à exprimer ses émotions

Les émotions sont vécues à l’intérieur, mais rarement partagées. Cela peut donner l’impression d’un manque d’empathie ou de communication émotionnelle, notamment dans les relations amoureuses ou familiales.

3. Une imagination limitée

Les personnes alexithymiques ont souvent une pensée très concrète et rationnelle. Elles imaginent peu, se projettent difficilement dans des situations abstraites ou symboliques, et privilégient les faits à l’intuition.

4. Un rapport complexe aux autres

Ne comprenant pas toujours leurs propres émotions, elles peuvent avoir du mal à comprendre celles des autres, ce qui complique les interactions sociales et affectives.

Les causes possibles de l’alexithymie

1. Des origines développementales

L’alexithymie peut apparaître dès l’enfance, souvent liée à un manque d’apprentissage émotionnel.
Un enfant à qui l’on n’a pas appris à nommer ses émotions ou qui a grandi dans un environnement où l’expression affective était réprimée peut, à l’âge adulte, avoir du mal à reconnaître ce qu’il ressent.

2. Des causes neurologiques

Certaines recherches montrent que l’alexithymie pourrait être liée à un déséquilibre entre les hémisphères cérébraux.
L’hémisphère droit, impliqué dans la reconnaissance des émotions, fonctionnerait différemment chez les personnes alexithymiques, rendant plus difficile la communication entre émotions et langage.

3. Des causes psychologiques

L’alexithymie peut aussi être un mécanisme de défense face à des émotions trop intenses ou douloureuses.
Pour se protéger, la personne apprend inconsciemment à « couper » le lien entre le ressenti et la conscience.
Ce phénomène est fréquent après des traumatismes ou dans certains troubles anxieux ou dépressifs.

4. Des liens avec certains troubles

L’alexithymie est fréquemment observée chez les personnes présentant :

• un trouble du spectre autistique (TSA),

• un trouble anxieux ou dépressif,

• un trouble du stress post-traumatique,

• ou encore une addiction (où la régulation émotionnelle est altérée).

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Les conséquences de l’alexithymie au quotidien

1. Dans la vie affective

Les relations peuvent être compliquées : difficulté à exprimer son affection, à rassurer ou à comprendre l’autre.
Le partenaire peut se sentir rejeté ou incompris, alors que la personne alexithymique ne sait tout simplement pas comment montrer ce qu’elle ressent.

2. Dans la santé mentale

Ne pas savoir identifier ses émotions rend plus difficile leur gestion.
Les tensions émotionnelles s’accumulent, pouvant conduire à des troubles somatiques (maux de tête, troubles digestifs, douleurs musculaires) ou à une fatigue émotionnelle.

3. Dans la vie sociale et professionnelle

Le manque d’expression émotionnelle peut donner une image distante ou rigide.
Cependant, certaines personnes alexithymiques excellent dans les environnements rationnels, structurés ou techniques, où les émotions sont moins sollicitées.

Peut-on « guérir » de l’alexithymie ?

L’alexithymie n’est pas une maladie, mais un mode de fonctionnement émotionnel particulier.
Il n’existe donc pas de « traitement » au sens médical du terme, mais une évolution possible grâce à un travail sur soi.

1. L’accompagnement thérapeutique

La psychothérapie (notamment les approches cognitives et émotionnelles) aide à :

• reconnaître les émotions et leurs manifestations corporelles,

• apprendre à les nommer,

• comprendre leur rôle et leur impact sur les relations.

Les thérapies basées sur la pleine conscience (mindfulness) ou la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) sont également efficaces pour se reconnecter à ses ressentis.

2. Le travail corporel

Des pratiques comme le yoga, la respiration consciente ou la sophrologie aident à ressentir les émotions à travers le corps et à en décoder les signaux.

3. Le journal émotionnel

Tenir un carnet où l’on note chaque jour ce qu’on a ressenti (même si ce n’est qu’un mot ou une image) permet peu à peu d’élargir son vocabulaire émotionnel et de mieux comprendre ses états intérieurs.

Apprendre à vivre avec son alexithymie

L’objectif n’est pas de devenir hyperémotif, mais de trouver un équilibre entre raison et émotion.
Avec le temps et les bons outils, il devient possible de mieux se connaître, d’améliorer ses relations et de vivre plus sereinement.

Accepter cette particularité, c’est déjà un grand pas vers le mieux-être.

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Conclusion : renouer avec le langage du cœur

L’alexithymie nous rappelle combien nos émotions sont essentielles pour comprendre qui nous sommes.
Même si elles peuvent sembler floues ou inaccessibles, elles sont le reflet de nos besoins profonds.
Apprendre à les écouter, les identifier et les exprimer, c’est apprendre à vivre pleinement.
Car mettre des mots sur ses émotions, c’est déjà leur donner une place… et commencer à se libérer.