Produits protéinés : le revers d’un succès qui ne dit pas tout

Poudres de whey, yaourts « HiPro », barres protéinées… Depuis quelques années, les produits dits « riches en protéines » envahissent nos supermarchés, nos réseaux sociaux et nos placards. Ils promettent énergie, muscles et minceur — un cocktail qui séduit sportifs, actifs pressés et adeptes du « manger sain ». Pourtant, derrière ce marketing séduisant se cachent des réalités moins flatteuses : compositions discutables, prix gonflés et bien souvent… un intérêt nutritionnel surestimé.

Pourquoi les protéines ont-elles la cote ?

Les protéines sont essentielles à notre organisme. Elles participent à la construction musculaire, à la fabrication des hormones et enzymes, et au bon fonctionnement de nos cellules. Selon les recommandations de l’Anses, un adulte a besoin en moyenne de 0,83 à 1 g de protéines par kilo de poids corporel et par jour, soit environ 60 g pour une personne de 70 kg.

Les besoins augmentent légèrement chez les sportifs de haut niveau ou les personnes âgées, mais dans la majorité des cas, notre alimentation classique suffit largement. Viandes, œufs, poissons, légumineuses, produits laitiers… les sources naturelles de protéines ne manquent pas.

Alors pourquoi une telle frénésie autour des produits enrichis ? Tout simplement parce que le marketing joue sur la peur du “manque” et l’obsession de la performance. Un argument qui fait vendre… cher.

Quand la promesse devient un business lucratif

L’enquête menée par les associations de consommateurs montre que les produits “High Protein” affichent souvent des tarifs bien plus élevés que leurs équivalents classiques, pour des bénéfices nutritionnels minimes.

Exemple parlant : un fromage industriel « riche en protéines » peut coûter 2 € de plus au kilo qu’une version standard, pour à peine 4 g supplémentaires de protéines. Même constat pour les pâtes, les biscuits ou le saucisson, désormais vendus sous des slogans “fit” ou “power”.

Une stratégie bien rodée, alors que la plupart des consommateurs n’ont pas besoin d’un apport supplémentaire. Avant de céder à ces arguments de packaging, mieux vaut consulter un professionnel de santé ou un diététicien.

La face cachée des poudres et produits laitiers protéinés

La whey, star des salles de sport, est l’un des compléments les plus utilisés. Elle contient parfois jusqu’à 95 % de protéines, mais son revers est moins reluisant : édulcorants artificiels (sucralose, acésulfame K), arômes de synthèse et agents texturants. Ces additifs sont pointés du doigt pour leurs effets potentiels sur la santé intestinale et métabolique, notamment lorsqu’ils sont consommés régulièrement.

Même dérive dans les yaourts “HiPro” et boissons protéinées : si l’étiquette met en avant leur teneur en protéines, les listes d’ingrédients sont souvent longues et pleines de stabilisants ou de sucres cachés. À l’inverse, des produits simples comme le skyr nature, le fromage blanc ou le yaourt grec non sucré offrent autant de protéines naturelles, sans additifs ni arômes artificiels.

Les barres protéinées : pratiques, mais trompeuses

Sur le papier, les barres protéinées semblent idéales : transportables, rassasiantes et riches en protéines. Mais la plupart cachent des quantités alarmantes de sucre. Certaines marques affichent jusqu’à 30 à 40 g de sucre pour 100 g de produit, dépassant largement les recommandations de l’OMS.

Même les versions “sans sucres ajoutés” contiennent des édulcorants de charge comme le maltitol ou le sorbitol. En excès, ces substances peuvent provoquer ballonnements, crampes ou diarrhées. Autrement dit, des produits présentés comme “healthy” peuvent se révéler aussi transformés qu’une barre chocolatée.

L’illusion santé : plus de marketing que de nutrition

Si ces produits connaissent un tel succès, c’est avant tout grâce à un discours séduisant : “plus de protéines, moins de gras, plus d’énergie”. En réalité, la majorité des consommateurs n’en tirent aucun bénéfice particulier, et certains risquent même de déséquilibrer leur alimentation.

Un excès de protéines, notamment animales, peut surcharger les reins, accentuer la déshydratation et, dans certains cas, favoriser des troubles digestifs. Quant à la consommation répétée de produits ultra-transformés, elle est associée à un risque accru de maladies métaboliques.

Comment faire les bons choix ?

Avant de succomber à la mode des produits “protéinés”, il est utile de revenir à l’essentiel :

• Mangez varié et équilibré : œufs, lentilles, pois chiches, tofu, poisson, volaille… suffisent à couvrir vos besoins.

• Privilégiez le naturel : un bol de skyr, une poignée d’amandes ou un œuf dur valent mieux qu’une barre ultra-transformée.

• Hydratez-vous bien : un apport protéique élevé nécessite davantage d’eau pour protéger les reins.

• Réservez les compléments (whey, barres, poudres) aux sportifs intensifs ou aux cas médicaux particuliers, et toujours avec un suivi professionnel.

Le boom des produits protéinés s’explique par une tendance marketing puissante, plus que par un réel besoin nutritionnel. Derrière les packagings attrayants et les slogans “fit”, “boost” ou “healthy”, se cachent souvent des additifs, du sucre et des prix gonflés.

Pour la majorité d’entre nous, l’assiette suffit amplement à fournir les protéines nécessaires au bon fonctionnement du corps. Miser sur le naturel, c’est faire le choix du bon sens, de la santé et de l’équilibre — sans se laisser séduire par des promesses souvent creuses.