La glottophobie, c’est quoi ?
Par Catherine Duchamps
Publié le

Sommaire
On parle souvent de racisme, de sexisme ou d’âgisme, mais il existe une autre forme de discrimination plus méconnue : la glottophobie. Ce terme, encore peu utilisé dans le langage courant, désigne les préjugés et les discriminations fondés sur l’accent ou la manière de parler. Dans une société où la norme langagière est souvent dictée par les élites culturelles, ceux qui s’en écartent peuvent être stigmatisés, moqués ou défavorisés. Mais qu’est-ce que la glottophobie exactement ? Et comment se manifeste-t-elle dans notre quotidien ? Décryptage.
Définition de la glottophobie
Une discrimination liée à la parole
La glottophobie désigne l’ensemble des attitudes négatives, des jugements ou des discriminations dirigés contre des personnes à cause de leur manière de parler : accent régional, langue étrangère, argot, intonation ou syntaxe particulière.
Une construction sociale
Ce rejet n’est pas fondé sur la qualité du langage, mais sur des représentations sociales. Certains accents ou manières de parler sont perçus comme plus « nobles » ou « intelligents » que d’autres, ce qui crée une hiérarchie symbolique entre les locuteurs.
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Comment se manifeste la glottophobie ?
Dans le monde du travail
L’accent peut influencer les chances d’obtenir un emploi, d’évoluer dans une entreprise ou de passer un entretien. Certains recruteurs peuvent inconsciemment associer un accent à un manque de compétence ou de sérieux.
Dans les médias et la sphère publique
Les accents dits « prestigieux » sont souvent surreprésentés à la télévision, à la radio ou dans les hautes sphères de l’État. À l’inverse, les accents régionaux ou étrangers sont parfois tournés en dérision, marginalisés ou absents.
Dans les interactions sociales
Les moqueries, remarques déplacées ou tentatives de correction sont des formes de glottophobie ordinaire. Elles peuvent créer un sentiment d’exclusion ou une perte de confiance chez la personne visée.
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Les conséquences de la glottophobie
Une atteinte à l’identité
La langue est un marqueur fort d’identité. Être jugé ou rejeté à cause de sa manière de parler peut entraîner un sentiment de honte ou de dévalorisation de ses origines culturelles.
Une autocensure linguistique
Pour éviter les remarques ou pour se fondre dans la norme, certaines personnes modifient volontairement leur façon de parler. Cela peut engendrer une fatigue psychologique ou un sentiment de trahison de soi.
Une inégalité d’accès
La glottophobie peut créer des barrières à l’emploi, à l’éducation ou à la participation citoyenne, notamment pour les personnes issues de l’immigration ou des territoires ultramarins.
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Que dit la loi ?
Une reconnaissance encore limitée
En France, la glottophobie n’est pas encore explicitement reconnue dans les textes de loi comme motif de discrimination, bien qu’elle soit de plus en plus dénoncée par certains linguistes, chercheurs et militants.
Une prise de conscience croissante
Des initiatives émergent pour sensibiliser à cette forme de discrimination. Des propositions de loi ont été discutées pour mieux protéger les victimes et reconnaître officiellement la glottophobie.
Comment lutter contre la glottophobie ?
Éduquer à la diversité linguistique
Valoriser les différentes formes de langage dès l’école, déconstruire les stéréotypes sur les accents et enseigner le respect de la pluralité linguistique sont des leviers puissants.
Donner de la visibilité aux voix diverses
Encourager une meilleure représentation des accents dans les médias, la culture et les postes à responsabilité permet de normaliser la diversité des expressions orales.
Remettre en question ses propres préjugés
Il est utile de s’interroger sur ses réactions face à certains accents : associe-t-on inconsciemment un accent à une origine sociale, un niveau d’éducation ou une compétence ? Prendre conscience de ces biais est le premier pas vers plus d’équité.
La glottophobie est une forme de discrimination silencieuse mais bien réelle, qui touche à ce que nous avons de plus personnel : notre voix, notre langue, notre manière d’exister dans le monde. Reconnaître son existence, en parler et la combattre, c’est œuvrer pour une société plus inclusive, où chacun a le droit d’être entendu, quel que soit son accent. Car la richesse linguistique est aussi celle de nos identités multiples.
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