Télétravail sur prescription : une révolution douce dans la gestion des arrêts maladie ?
Par Léo Martinet
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Sommaire
- Un objectif clair : limiter les arrêts tout en favorisant la reprise
- Un dispositif encadré par des conditions précises
- Une mesure qui suscite enthousiasme et prudence
- Télétravail et santé mentale : une vigilance indispensable
- Une transformation en profondeur de la santé au travail ?
- Une mesure à surveiller de près
Une proposition qui bouscule les codes du repos médical Et si, au lieu d’un arrêt complet, on vous prescrivait... du télétravail ? C’est la proposition, pour le moins novatrice, qui agite le monde du travail et de la santé. Face à un déficit historique de la Sécurité sociale, deux amendements viennent ouvrir un débat inédit : autoriser les médecins à prescrire une activité professionnelle à distance, en remplacement d’un arrêt maladie, lorsque l’état de santé du salarié le permet.
Cette idée, à la croisée des chemins entre prévention, responsabilisation et innovation sociale, suscite autant d’enthousiasme que de réserves. Mais peut-elle vraiment transformer notre rapport au travail et à la santé ?
Un objectif clair : limiter les arrêts tout en favorisant la reprise
L’idée derrière cette mesure est simple : réduire le nombre d’arrêts maladie évitables tout en maintenant un lien entre le salarié et son entreprise. Concrètement, elle s’adresse aux personnes souffrant de troubles musculosquelettiques (comme les lombalgies) ou d’affections anxio-dépressives légères à modérées.
Plutôt que de couper complètement du monde professionnel, le salarié pourrait rester actif depuis chez lui, avec un rythme adapté et un encadrement médical. Cette reprise progressive limiterait les risques de désinsertion professionnelle et pourrait contribuer à un retour plus serein à l’emploi.
Un dispositif encadré par des conditions précises
Cette forme de « télétravail thérapeutique » ne serait pas imposée : elle reposerait sur le volontariat du salarié, l’accord du médecin et la compatibilité du poste avec le télétravail. Les modalités concrètes (durée, conditions de suivi, droit du travail) devront être définies par décret.
Cela concerne potentiellement un tiers des actifs, dont le métier permet une adaptation à distance. Et cela viendrait officialiser une pratique déjà répandue : selon certaines enquêtes, près de 3 salariés sur 4 ont déjà travaillé de chez eux alors qu’ils étaient malades, parfois par pression implicite, souvent par souci de ne pas accumuler de retard.
Une mesure qui suscite enthousiasme et prudence
Pour certains médecins, cette évolution peut être bénéfique — à condition de respecter des garde-fous. Elle peut être perçue comme une alternative moderne et personnalisée, plus respectueuse des besoins du patient. Elle valorise la flexibilité, l’adaptation, et évite l’isolement parfois induit par un arrêt classique.
Mais elle soulève aussi de nombreuses questions :
Le salarié sera-t-il réellement en mesure de travailler, même partiellement ?
Dispose-t-il d’un environnement adapté chez lui ?
Le repos nécessaire ne risque-t-il pas d’être sacrifié à la productivité ?
Comment garantir que ce ne soit pas une pression déguisée pour éviter un arrêt classique ?
Télétravail et santé mentale : une vigilance indispensable
La proposition intervient dans un contexte sensible, où la santé mentale au travail devient un enjeu prioritaire. Burn-out, stress chronique, isolement… les troubles psychiques liés au travail sont en constante augmentation. Et le télétravail, s’il offre de la souplesse, peut aussi accentuer le repli sur soi ou l’épuisement invisible.
C’est pourquoi cette mesure devra impérativement s’accompagner d’une évaluation rigoureuse de la situation du salarié, d’un suivi médical renforcé, et d’une véritable écoute de ses besoins réels.
Une transformation en profondeur de la santé au travail ?
Ce débat ouvre la voie à une évolution plus globale : repenser la santé au travail dans une logique d’adaptation, de prévention, et de flexibilité choisie. Le télétravail sur prescription pourrait devenir un outil supplémentaire — non pas pour réduire les coûts à tout prix — mais pour accompagner au mieux les parcours de soins et de vie professionnelle.
Si elle est adoptée, cette mesure pourrait inaugurer une nouvelle façon de concevoir l’arrêt maladie : non plus comme une mise à l’écart, mais comme un tremplin vers le rétablissement, l’autonomie et le lien social préservé.
Une mesure à surveiller de près
Le télétravail sur ordonnance n’est pas encore une réalité, mais il est déjà au cœur d’un débat fondamental. En alliant souplesse et encadrement, écoute et volontariat, il pourrait représenter une avancée vers une santé au travail plus humaine, plus individualisée et plus durable. Chez CROQ, nous croyons en un équilibre entre performance et bien-être, et cette initiative en est peut-être une nouvelle pierre.
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