Tout savoir sur le trouble schizo-affectif
Par Claire Delmas
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Le trouble schizo-affectif est une affection psychiatrique complexe, encore peu connue du grand public, et souvent confondue avec la schizophrénie ou les troubles de l’humeur. Pourtant, il s’agit d’un diagnostic à part entière, caractérisé par une combinaison unique de symptômes psychotiques et de troubles de l’humeur, qu’ils soient dépressifs ou maniaques. Comprendre ce trouble permet non seulement de mieux identifier les signes qui doivent alerter, mais aussi de mieux accompagner les personnes qui en souffrent. Voici tout ce que vous devez savoir pour démêler cette pathologie parfois déroutante.
Un trouble à la croisée de deux univers psychiatriques
Le trouble schizo-affectif se situe à mi-chemin entre la schizophrénie et les troubles bipolaires ou dépressifs majeurs. Concrètement, la personne présente à la fois :
des symptômes psychotiques, comme des hallucinations, des délires ou une altération de la pensée,
et des symptômes thymiques, c’est-à-dire des variations importantes de l’humeur (dépression profonde ou épisodes maniaques).
Pour poser ce diagnostic, les psychiatres s’appuient sur un critère essentiel : les symptômes psychotiques doivent apparaître en dehors des épisodes d’humeur, au moins pendant deux semaines. Autrement dit, ce n’est pas seulement une dépression avec hallucinations, ni un épisode maniaque isolé : les deux dimensions coexistent mais peuvent aussi évoluer indépendamment.
Ce trouble débute généralement à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Il affecte autant les femmes que les hommes, bien qu’une forme plus dépressive soit légèrement plus fréquente chez les femmes.
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Quels sont les symptômes ?
Les manifestations du trouble schizo-affectif varient beaucoup d’une personne à l’autre, car il combine plusieurs types de symptômes. On distingue trois grandes catégories.
1. Les symptômes psychotiques
Ils ressemblent à ceux de la schizophrénie et peuvent inclure :
hallucinations, le plus souvent auditives (voix),
idées délirantes, parfois de persécution ou de grandeur,
discours désorganisé,
perte de cohérence de la pensée,
comportements inhabituels ou incohérents.
Ces symptômes peuvent être très impressionnants et perturber fortement la vie quotidienne.
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2. Les symptômes dépressifs
Dans la forme dépressive du trouble schizo-affectif, on observe :
tristesse profonde,
perte d’intérêt et de plaisir,
fatigue importante,
troubles du sommeil,
idées noires ou suicidaires.
Ces épisodes peuvent durer plusieurs semaines et altérer profondément l’énergie et la motivation.
3. Les symptômes maniaques ou hypomaniaques
Dans la forme bipolaire du trouble, on retrouve :
humeur anormalement élevée ou irritable,
besoin de sommeil réduit,
agitation,
augmentation des activités ou des idées,
prises de risque, impulsivité.
Ces épisodes peuvent entraîner des comportements dangereux ou inadaptés, tout en paraissant attirants pour la personne au début (sentiment de toute-puissance).
Quelles sont les causes ?
Comme beaucoup de troubles psychiques, la cause exacte reste inconnue, mais plusieurs facteurs semblent impliqués.
Une prédisposition génétique
Les personnes ayant un membre de leur famille atteint de schizophrénie ou de trouble bipolaire présentent un risque plus élevé.
Des facteurs neurobiologiques
Des perturbations de certains neurotransmetteurs, comme la dopamine ou la sérotonine, sont souvent retrouvées. Le cerveau pourrait également présenter des anomalies structurelles mineures.
Des facteurs environnementaux
Le stress intense, les traumatismes, la consommation de substances psychoactives ou certains événements de vie difficiles peuvent contribuer au déclenchement du trouble chez une personne prédisposée.
Comment se fait le diagnostic ?
Le diagnostic nécessite une évaluation psychiatrique complète. Le médecin observe l’évolution des symptômes dans le temps, car la coexistence des dimensions psychotiques et thymiques doit être clairement établie et durer plusieurs semaines ou mois.
Parfois, le trouble schizo-affectif est diagnostiqué après plusieurs années, car ses symptômes se chevauchent avec d’autres pathologies. Une observation prolongée et un suivi spécialisé sont donc essentiels.
Quels traitements pour stabiliser le trouble ?
Même si le trouble schizo-affectif ne se guérit pas définitivement, il peut être stabilisé avec un suivi adapté.
Un traitement médicamenteux combiné
Il repose généralement sur :
des antipsychotiques, pour les hallucinations et les délires,
des thymorégulateurs ou des antidépresseurs, selon la forme du trouble.
Le traitement est individualisé, car chaque personne réagit différemment.
Un suivi psychothérapeutique
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), la psychoéducation ou les thérapies familiales aident à mieux comprendre la maladie, gérer les symptômes et prévenir les rechutes.
Un accompagnement social
Trouver un équilibre de vie, gérer le stress, accéder à des aides sociales ou professionnelles : ces aspects sont essentiels pour maintenir l’autonomie et la qualité de vie.
Vivre avec le trouble schizo-affectif
Avec un traitement adapté et un entourage informé, beaucoup de personnes parviennent à mener une vie stable et épanouissante. Le soutien émotionnel, la compréhension et la déstigmatisation sont des piliers indispensables pour avancer plus sereinement face à ce trouble complexe.
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