Ces aliments qu’on croit sains mais qui sabotent votre santé : l’enquête qui fait tomber les masques

Ils se parent d’étiquettes vertes, de promesses “sans sucres ajoutés” ou “riches en fibres”, et se présentent comme les alliés d’une alimentation équilibrée. Pourtant, derrière cette apparente vertu, se cachent parfois des produits ultra-transformés, loin d’être aussi bons pour la santé qu’ils le prétendent. Selon une enquête publiée le 6 octobre 2025 par 60 Millions de Consommateurs, plusieurs marques très populaires – y compris certaines dites “diététiques” ou “bio” – sont dans le viseur pour leurs recettes trompeuses. Décryptage d’un phénomène qui concerne tous les rayons, du petit-déjeuner aux substituts végétaux.

Quand le marketing “healthy” nous trompe

Le marché des produits “sains” explose. Laits végétaux, biscuits bio, barres protéinées ou galettes aux légumineuses : ces produits séduisent par leur image naturelle et leur composition “équilibrée”.
Mais entre l’image et la réalité, le fossé se creuse souvent.

“Les marques ont bien compris que les consommateurs cherchent des alternatives plus naturelles. Mais pour garantir la texture, la conservation ou la saveur, elles recourent à des procédés d’ultratransformation”, explique Julie Boët, diététicienne-nutritionniste.
Résultat : des produits qui semblent bons pour la santé, mais qui contiennent additifs, texturants, isolats de protéines et arômes artificiels.

L’application Yuka et la base de données Open Food Facts confirment cette dérive : de nombreux produits estampillés “bio” ou “diététiques” affichent un score Nova 4, soit le niveau maximal d’ultratransformation.

Gerblé et La Mandorle : deux “experts santé” sous la loupe

Parmi les marques pointées du doigt par 60 Millions de Consommateurs, deux noms emblématiques ressortent : Gerblé et La Mandorle.

Gerblé, “l’expert diététique” aux recettes trop complexes

Réputée pour ses biscuits et collations “équilibrés”, la marque Gerblé met en avant des arguments santé : “sans huile de palme”, “riche en fibres”, “faible en sucres”.
Pourtant, l’analyse révèle une réalité moins reluisante : jusqu’à 22 ingrédients dans une simple boîte de biscuits, dont six marqueurs d’ultratransformation (émulsifiants, poudres industrielles, arômes, sirops transformés).

Un comble pour une marque qui se veut spécialiste de la nutrition.
“Les produits diététiques industriels sont souvent trop transformés pour être réellement sains. Ils conservent les mêmes effets que les biscuits classiques sur la glycémie et la satiété”, souligne la nutritionniste.

La Mandorle, un lait végétal pas si vertueux

Les boissons végétales ont conquis le rayon frais, mais leur composition varie énormément selon les marques.
Chez La Mandorle, pourtant présentée comme “bio” et “source de protéines et de calcium”, les analyses montrent la présence de carraghénanes, un additif controversé utilisé pour épaissir les liquides.

Problème : plusieurs études pointent un impact potentiel sur la flore intestinale et les muqueuses digestives.
Autrement dit, un produit vendu comme “léger et digestible” pourrait en réalité irriter le système intestinal, surtout en consommation régulière.

Quand le végétal rime encore avec ultra-transformé

L’alimentation végétale, en plein essor, attire de plus en plus de consommateurs soucieux de santé et d’écologie.
Mais là encore, tous les substituts ne sont pas aussi naturels qu’ils en ont l’air.

Certains steaks végétaux, laits d’amande ou desserts au soja cumulent protéines isolées, huiles raffinées, épaississants et exhausteurs de goût pour reproduire la texture du “vrai” produit.
Un paradoxe qui, selon les chercheurs, nuit à l’intérêt initial du végétal.

Une étude publiée dans le British Medical Journal en 2023 a d’ailleurs associé une consommation élevée d’aliments ultra-transformés à une augmentation du risque de diabète de type 2, d’obésité et de dépression.

Les bons élèves : Nudj et Hari&Co montrent la voie

Heureusement, certaines marques jouent la carte de la transparence.
Parmi elles, Nudj et Hari&Co tirent leur épingle du jeu.

Nudj

Cette jeune marque propose des galettes à base de fruit du jaquier, riches en fibres et protéines végétales.
Leur composition ? Ultra-courte : fruits, légumes, épices, légumineuses, et c’est tout.
Aucun additif, aucun isolat, ni ingrédient “technologique”. Une rareté dans le monde du végétal industriel.

Hari&Co

Même philosophie du côté d’Hari&Co, qui élabore ses recettes à partir de pois chiches, lentilles et haricots rouges, avec une cuisson douce et aucun ajout de conservateur.
Leur promesse : une alimentation végétale simple, nutritive et transparente.

Ces initiatives prouvent qu’il est possible de manger végétal sans tomber dans l’ultratransformation, à condition de lire les étiquettes avec attention.

Pourquoi ces produits “sains” posent réellement problème

Les aliments ultra-transformés (AUT) sont conçus pour plaire : goût prononcé, texture fondante, durée de conservation longue.
Mais cette perfection artificielle a un coût pour l’organisme :

• Perturbation du microbiote intestinal (en raison des additifs et arômes artificiels).

• Dérégulation de la satiété, favorisant la surconsommation.

• Inflammation chronique liée à certains additifs comme les carraghénanes ou émulsifiants.

• Hausse du risque métabolique (diabète, obésité, troubles cardiovasculaires).

“Le problème n’est pas le produit végétal ou diététique en soi, mais la façon dont il est fabriqué”, précise Julie Boët.
Un yaourt au soja naturel ou un lait d’amande maison n’a rien à voir avec une version industrielle enrichie d’additifs.

Vers plus de transparence dans nos rayons ?

Le Nutri-Score évalue les apports nutritionnels (gras, sucre, sel, fibres), mais il n’indique pas le niveau de transformation.
C’est pourquoi de nombreux experts militent pour l’intégration du score Nova sur les emballages.
Ce score, allant de 1 à 4, reflète le degré de transformation des aliments.

• Nova 1 : produits bruts (légumineuses, fruits, œufs, riz complet)

• Nova 2 : peu transformés (pain complet, fromages, conserves simples)

• Nova 3 : transformés (plats cuisinés simples, mueslis, yaourts sucrés)

• Nova 4 : ultra-transformés (barres énergétiques, biscuits, plats préparés, laits végétaux industriels)

Afficher ce score permettrait de mieux informer le consommateur et d’éviter les pièges marketing du “healthy washing”.

Comment repérer un vrai produit sain

Pour choisir des produits vraiment bons pour la santé, quelques réflexes simples suffisent :

1. Lisez la liste d’ingrédients : elle doit être courte, lisible et composée d’aliments reconnaissables.

2. Méfiez-vous des mentions “sans sucre ajouté”, “riche en protéines”, “source de fibres” : elles ne garantissent rien sur la qualité globale.

3. Privilégiez les produits bruts : légumineuses, fruits, légumes, œufs, noix, laits végétaux maison.

4. Cuisinez le plus possible vous-même : un lait d’amande maison, un granola simple ou une galette de lentilles sont bien plus sains que leurs équivalents industriels.

Petit résumé de la situation

✔ De nombreuses marques “santé” ou “bio” cachent en réalité des produits ultra-transformés.
✔ Gerblé et La Mandorle font partie des marques pointées du doigt pour la complexité de leurs recettes.
✔ Nudj et Hari&Co montrent qu’une alimentation végétale naturelle est possible sans additifs.
✔ Les aliments ultra-transformés peuvent perturber la santé métabolique et digestive.
✔ Le score Nova pourrait devenir un outil clé pour repérer les vrais produits sains.

Tous les aliments “healthy” ne se valent pas. Derrière les slogans rassurants et les emballages verts se cachent parfois des formules industrielles bien éloignées de la promesse du “manger mieux”.

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de consommer malin sans se laisser piéger :
lire les étiquettes, privilégier les produits simples, et faire confiance aux marques transparentes.

Parce qu’en matière d’alimentation, le vrai “healthy” n’est pas celui qui coûte cher ou affiche du vert sur son emballage…
C’est celui qui reste proche de la nature, simple, compréhensible, et bon pour le corps — tout simplement.