Vrai-Faux sur les hépatites

Avant de plonger dans le vrai ou le faux, posons les bases. Le terme « hépatite » désigne une inflammation du foie. Cette inflammation peut avoir diverses origines : virus, alcool, médicaments, maladies auto-immunes, ou encore stéatose (accumulation de graisses). Les hépatites virales constituent une part importante des cas, mais elles ne sont pas les seules. Selon les cas, l’inflammation peut être aiguë (de courte durée) ou chronique (persistant au-delà de six mois). Enfin : certaines hépatites virales peuvent se prévenir (vaccins), d’autres se traitent efficacement — mais encore faut‑il les diagnostiquer à temps.

Vrai ou Faux ? Démêlons les idées reçues

1. « On ne peut avoir qu’une seule hépatite : A, B ou C. »

Faux. Il existe en réalité plusieurs types d’hépatites virales — A, B, C, D et E — chacune avec ses modes de transmission, ses formes aiguës ou chroniques, ses traitements.
Mais au-delà des virus, des hépatites peuvent être non virales : liées à l’alcool, à certains médicaments, ou à une réaction auto-immune.

2. « L’hépatite A est grave et évolue souvent en phase chronique. »

Faux. L’hépatite A est généralement bénigne. Elle se transmet par voie oro‑fécale (via de l’eau ou des aliments contaminés). Elle évolue presque toujours vers la guérison complète, sans forme chronique.
Les cas graves sont rares, et les séquelles permanentes encore plus exceptionnelles.

3. « L’hépatite B est très contagieuse, plus que le VIH. »

Vrai (dans une certaine mesure). Le virus de l’hépatite B (VHB) est réputé très infectieux. Il se transmet par le sang, les fluides corporels et les rapports sexuels.
On estime qu’il est de 50 à 100 fois plus contagieux que le VIH dans certaines conditions.
Cela en fait une infection qu’il faut prendre au sérieux, avec des gestes de prévention appropriés.

4. « L’hépatite C ne provoque jamais de symptômes au début. »

Vrai. Dans la grande majorité des cas, l’infection initiale est silencieuse ou non spécifique : fatigue, inconfort digestif, etc.
Ce n’est que de nombreuses années après que des signes plus clairs (jaunisse, complications hépatiques) peuvent apparaître. D’où l’importance du dépistage chez les personnes à risque.

5. « On peut se dépister pour toutes les hépatites facilement. »

Vrai, pour la plupart. Le dépistage repose principalement sur des analyses sanguines : dosage des enzymes hépatiques, test des anticorps ou des antigènes selon le virus concerné.
Pour l’hépatite B ou C, on recherche la présence du virus ou de ses fragments dans le sang.
L’accès au dépistage et aux tests est largement recommandé dans de nombreux pays, notamment pour les populations à risque.

6. « Il n’y a pas de vaccin pour l’hépatite C. »

Vrai. Contrairement à l’hépatite A et B, il n’existe pas (à ce jour) de vaccin contre le virus C.
Mais les traitements antiviraux modernes (antiviraux à action directe) ont transformé le pronostic de l’hépatite C : dans de nombreux cas, on peut obtenir une guérison complète de l’infection chronique.

7. « Si on a eu une hépatite, on est immunisé pour la vie, quel que soit le type. »

Faux. Ceci dépend du virus.

• Pour l’hépatite A : oui, l’infection confère une immunité durable.

• Pour l’hépatite B : la guérison spontanée ou la vaccination peut donner une immunité protectrice, mais dans les cas d’infection chronique, le virus peut persister.

• Pour l’hépatite C : il n’y a pas d’immunité solide acquise — on peut théoriquement être réinfecté après guérison.

8. « L’alcool ne provoque pas d’hépatite ; seul un virus le fait. »

Faux. L’alcool, à forte dose régulière, est une cause fréquente d’hépatite dite alcoolique.
Cette inflammation hépatique liée à l’alcool peut évoluer vers une cirrhose si l’usage perdure.
Ainsi, une « hépatite » n’est pas toujours d’origine infectieuse — certains cas sont “toxiques”.

9. « Une hépatite chronique n’a jamais de traitement. »

Faux. Beaucoup d’hépatites chroniques peuvent être bien gérées avec des traitements — particulièrement pour l’hépatite B ou C.
Pour l’hépatite C, les traitements modernes permettent dans de nombreux cas l’éradication du virus.
Pour l’hépatite B chronique, bien qu’on ne puisse pas toujours éliminer complètement le virus, il est possible de le contrôler, réduire la charge virale, limiter les dommages au foie et prévenir les complications.

10. « L’hépatite n’est pas dangereuse si je ne ressens rien. »

Faux. Le danger de l’hépatite, surtout dans sa forme chronique, est qu’elle peut rester silencieuse pendant des années, sans symptômes.
Mais pendant ce temps, le foie peut se détériorer, se fibrose, développer une cirrhose ou même évoluer vers un cancer.
C’est pourquoi le dépistage régulier est essentiel dans les populations à risque, même sans signe visible.

Agir avec prudence et responsabilité

Voici quelques recommandations utiles :

• Se vacciner contre les hépatites A et B si c’est possible et recommandé.

• Ne jamais partager de matériel piquant (seringue, aiguille, rasoir, etc.).

• Pratiquer des rapports sexuels protégés, surtout en présence de partenaires multiples ou lorsque l’on ignore le statut de l’autre.

• En cas de consommation d’alcool excessive ou usage de médicaments lourds, consulter un professionnel pour faire surveiller le foie.

• Si vous avez des antécédents familiaux ou des facteurs de risque (transfusions, tatouages, expositions médicales, etc.), demander à faire un dépistage hépatique.

Les hépatites ne sont pas un mystère inaccessible — mais elles comportent des idées fausses persistantes.
Savoir distinguer le vrai du faux aide à mieux se protéger, à demander un diagnostic quand c’est utile, et à agir en responsabilité.
Le foie est un organe central de notre corps : le comprendre, en prendre soin, et agir tôt en cas de souci, c’est lui donner les meilleures chances de rester solide et résilient.